Mercredi 4 juillet, les deux expériences
principales de l'accélérateur de particules du CERN, le LHC, près de
Genève annonceront l'état de leur chasse à une particule mystère.
Celle-ci est la pièce manquante au bel échafaudage construit par les
physiciens pour décrire le monde de l'infiniment petit.
>> Lire : "Le boson de Higgs : les raisons d'une quête"
Baptisée boson de Brout-Englert-Higgs, du nom de ses géniteurs
théoriciens en 1964, elle est souvent nommée plus simplement boson de
Higgs. Elle joue un rôle majeur dans la nature car, sans elle, les
particules n'auraient pas de masse. C'est comme si des objets
initialement sans masse traversaient un milieu visqueux et se mettaient
donc à
peser
de plus en plus lourd. La manière d'agréger la "boue" dépendant de
l'interaction avec le fameux boson. Ainsi l'électron devient l'objet que
nous connaissons et peut ensuite
donner naissance à des atomes, des molécules... Bref à toute la matière qui nous entoure.
Mais bien que prévu il y a près de cinquante ans, ce mécanisme
impliquant une nouvelle particule n'a jamais pu être confirmé. Au CERN
la traque a commencé véritablement en 2010.
>> Lire : "Le CERN, labo-monde"
LA FIN D'UNE HISTOIRE
Alors qu'aucune information précise n'a officiellement été donnée,
le site de la revue Nature affirmait hier
qu'une détection de nouvelle particule serait bien annoncée mercredi.
Les données confirmeraient une masse de 125 GeV, dans les unités
utilisées par les physiciens, soit un poids 133 fois plus élevé qu'un
proton, constituant élémentaire des noyaux atomiques. Ce serait donc la
même masse que lors des précédentes annonces de décembre 2011. La
différence est que la certitude de ne pas
avoir à
faire à un coup du sort, c'est-à-dire une facétie de la nature qui conduirait à
prendre un indice pour une preuve, serait plus importante. Mais rien ne dit que les expériences auront atteint le niveau exigé pour
parler de "découverte".
Au cas où, sans doute, les "pères" de ce boson, François Englert et
Peter Higgs, seront présents au CERN pour l'annonce des derniers résultats.
Les expériences concurrentes au Fermilab près de Chicago ont, elles
aussi, donné leurs résultats. La plage d'énergie est moins précise qu'au
CERN mais compatible avec les 125 GeV. Le niveau de certitude n'est
également pas suffisant pour
crier victoire.
>> Lire : "La chasse au boson de Higgs touche, presque, à sa fin"
Si la nouvelle est confirmée cela marquerait alors la fin d'une
histoire et le début d'une nouvelle. Il faudra en effet vérifier
précautionneusement qu'il s'agit bien du fameux boson. Car le boson est
futé, si l'on peut
dire.
Il est créé au LHC par la collision violente de protons les uns contre
les autres à des vitesses proches de la lumière. Son apparition est rare
et de toute façon il disparaît immédiatement, se désintégrant en
plusieurs particules, déjà bien connues. Or plusieurs autres processus
peuvent
donner naissance au même genre de débris. Il s'agit donc de décortiquer patiemment les
scènes de collision pour
affiner le portrait du nouveau venu. Les premières informations sur ces détails seront également très attendues mercredi.
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/07/02/boson-de-higgs-la-fin-de-la-traque_1728220_1650684.html#ens_id=1728221&xtor=RSS-3208