Concernant la réincarnation, les méprises sont fréquentes et
nombreuses même parmi les bouddhistes.
Tout d'abord, il faut bien comprendre que ce qu'on appelle réincarnation dans le bouddhisme n'a rien à voir avec la transmigration d'une "entité" quelconque, rien à voir avec la métempsycose.
Tant que l'on raisonne en termes d'entités plutôt que de fonction, de continuité de l'expérience, le concept bouddhiste de renaissance ne peut pas être compris.
Il est dit "qu'aucun fil ne passe au travers des perles du collier des renaissances."
Il n'y a pas identité d'une "personne" au travers de renaissances successives, mais conditionnement d'un flot de conscience
Selon le bouddhisme,
effectivement, il n’y a pas d’âme et il n’y a pas non plus de “personne”
considérées comme des entités distinctes.
Il n’y a qu’un flot dynamique
d’expérience, instant après instant, que l’on appelle la conscience.
Dans le monde de l’inanimé, il est admis que « rien ne se crée, rien de
ne perd ».
Il n’y a que des transformations.
La matière ne peut naître
ex nihilo.
Selon le bouddhisme, il en va de même de la conscience, qui
ne peut ni surgir de rien ni passer de l’existence phénoménale au néant.
D’où l’idée d’un continuum de conscience qui se poursuit d’état d’être
en état d’être.
Ce continuum n’implique nullement l’existence d’une âme ou d’un “moi”,
pas plus qu’il n’existe une entité “Ganges” distincte du flot sans cesse
changeant que l’on appelle le fleuve “Ganges”.
On peut parler à juste titre du Gange à sa source et du Gange à
Bénarès, car il s’agit du même continuum.
Cela n’implique par pour
autant qu’il existe une entité “Gange” autonome, qui sorte la tête de
temps à la surface de l’eau pour proclamer « c’est moi le Gange ».
Il y a
donc bien un continuum, mais pas d’entité distincte.
L’histoire du Gange, avec ses diverses caractéristiques sans cesse
changeantes, est différence de celle de la Seine.
Cette différence
justifie de lui associer un concept et un nom.
Il en va de même de la
notion de “personne”, qui reflète l’histoire de notre flot de
conscience.
Le “moi” existe bien, mais uniquement en tant que
désignation conceptuelle qui permet de relier entre eux un ensemble de
phénomènes.
Le “moi” n’est qu’une
“désignation conceptuelle”, dénuée d’existence propre, attachée au flot
de conscience.
La “personne” est l’histoire d’un flot de conscience
particulier, le vôtre étant diffèrent du mien.
Les êtres ordinaires n’ont guère de maitrise sur le flot de leur
conscience et ne comprennent pas la nature fondamentale de la
conscience.
De ce fait, cette conscience est emportée comme une plume au
vent par le Karma, en direction de divers modes d’existence.
Celui qui a réalisé la nature de la conscience est libéré de l’ignorance
et des toxines mentales (haine, désir, arrogance, jalousie, etc.) et
n’accumule plus de karma négatif.
Le flot de son esprit est à la fois
limpide (grâce à la connaissance) et flexible (grâce à l’entraînement).
Un tel être est libéré du samsara et n’est plus contraint de se
réincarner en raison de ses actes karmiques.
C’est mû par une compassion
sans limite pour les êtres qui souffrent dans le samsara qu’il fait vœu
de renaître volontairement pour accomplir le bien des êtres et les
délivrer de la souffrance.
Propos extraits librement à partir du blog de Matthieu Ricard : http://www.matthieuricard.org/
Saturday, October 26, 2013
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